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LE MARIAGE DE FIGARO
ACTE I Scène 7
« De me voir! Moi! ... il devient fou! »
PRESENTATION
Cette pièce est l’héritière de la comédie sur maîtres et valets et de la réflexion des philosophes du XVIII ° siècle. Elle va plus loin que la réflexion sur les liens entre maîtres et valets : rivalité, conflit, quête de reconnaissance de la part du valet. Elle a été jouée avant la Révolution pour la première fois donc elle a pu apparaître comme annonciatrice de bouleversements.
Nous sommes dans l’acte I qui est l’exposition d’une pièce compliquée. C’est la présentation de la troisième partie de l’intrigue :
- d’abord la rivalité entre Figaro et le Comte au sujet de Suzanne
- puis le projet de Marceline qui veut épouser Figaro
- enfin, ici, l’apparition de Chérubin qui va systématiquement perturber les relations amoureuses du Comte et de Figaro
Cette scène a pour intérêt de présenter le caractère complexe et changeant de Chérubin et de présenter le thème de l’amour, du trouble amoureux qui touche en fait tous les personnages donc Chérubin est l’emblème.
AXES D’ETUDES
- les relations entre Suzanne et Chérubin
- le donjuanisme de Chérubin
LES RELATIONS ENTRE SUZANNE ET CHERUBIN
Cette relation est ambiguë.
Suzanne domine Chérubin et le place dans une situation d’infériorité qu’il admet à contre coeur : vocabulaire péjoratif, ironie, troisième personne.
Chérubin aimerait renverser les rôles et Suzanne lui manifeste un certain respect : elle le vouvoie, il la tutoie, utilise son surnom montrant qu’ils sont très familiers. Il la considère comme quelqu’un d’inférieur. Il veut le pouvoir car il utilise des impératifs, des exclamations, le geste de retirer le ruban.
Suzanne est séduite par Chérubin : complicité du rire, reprise des termes, jeu de scènes avec le ruban. Elle semble feindre la colère mais elle ne le poursuit pas longtemps. C’est un jeu d’enfants qu’elle accepte.
Suzanne et Chérubin ont une fonction.
Un jeu de scène nous montre ce qu’est Chérubin. Il est joueur, inconscient. Pour lui, la relation amoureuse est un jeu. Dans la pièce, c’est un élément ludique qui apaise les tensions. La course autour du fauteuil évoque aussi les courses de Chérubin dans la campagne donc il est en quête de liberté, de liberté de mot. Ce personnage veut être libre d’aimer. Ceci est à relier avec un certain narcissisme visible dans la scène à travers les pronoms personnels et les adjectifs possessifs. Il ramène tout à lui. Il s’oppose à la morale de la fidélité conjugale véhiculée par le couple Figaro Suzanne. Il a une fonction idéologique.
Suzanne est celle qui donne la morale, qui est le respect, la fidélité, la mesure. Elle le met en garde. Elle lui rappelle ce qu’il devrait faire, ce qu’il n’a pas fait, le remet à sa place. En disant « il devient fou », elle lui rappelle qu’il s’écarte des valeurs morales. Elle a une fonction normative. Sa fonction est également de faire parler Chérubin pour qu’il s’explique, se comprenne mieux.
LE DONJUANNISME DE CHERUBIN
Il séduit plusieurs femmes.
- la Comtesse : il la respecte mais est triste et déçu car cet amour n’est pas réciproque. Il est romantique.
- Suzanne : il est franc, il éprouve du plaisir, de la joie.
- Marceline : cet amour est déséquilibré et ridicule, il n’est pas déclaré.
- Fanchette : elle est jeune, c’est peut-être une relation physique, il est plus osé.
C’est dire globalement que Chérubin est en quête de la Femme. Il est complètement obsédé par cette figure qui apparaît dans le texte par la répétition « elle est femme ! , elle est fille ! » et le chiasme (femme, fille)
Chérubin hésite entre le coeur et le corps.
Il ressent des émotions physiques, il vit physiquement la découverte de l’amour.
Pour lui, le ruban est le substitut de la femme aimée. Il prend plaisir à détailler le corps de la femme qu’il aime dans une longue énumération.
Le langage amoureux est employé.
« Je te donnerai ma romance » : échange entre objet et une parole. Il donne une chanson à Suzanne en échange du ruban donc la parole de Chérubin vise à obtenir une compensation concrète.
Il est beau parleur, il utilise des procédés rhétoriques en parlant : rythme ternaire, anaphore, métaphore, hyperboles. Il exprime des sentiments sincères mais on ne peut pas l’arrêter.
Il est en train de découvrir l’amour. Il recherche un langage pour l’exprimer et son ton varie souvent. Tantôt, il est très lyrique avec des accents très romantiques, tantôt vif et direct.
Suzanne, en se moquant de lui et en le parodiant, essaie de montrer que son discours de séducteur n’est pas très sincère, est une rhétorique.
CONCLUSION
Chérubin est le double du Comte mais il est plus sincère. C’est un rival du Comte parce qu’ils se ressemblent d’un point de vue psychologique.