Paul Eluard "Liberté"
Biographie: voir manuel
Le recueil: ce poème est le premier du recueil et donne le tondu rucueil: ; poème écrit en 1941; lancé par avion sur les maquis, poème très célèbre qui a donné courage aux combattants.
lecture
Idée directrice: on cherchera à montrer comment ce célèbre poème qui chante la liberté est surtout un poème montrant l'amour de la vie et des mots
1. Un hymne à la liberté (hymne: chant à la tonalité gaie, pour célébrer un dieu ou un héros
a. la structure répétitive du poème
forme: série de quatre strophes; 3 heptasyllabes, 1 tétrasyllabe >forme régulière, vers courts,
> forme simple, vers facilement mémorisables et le vers court donne un élan, un dynamique au poème, ce qui annonce l'espoir évoqué.
> poème très simple par sa forme et son vocabulaire, accessible à tous
répétition d'un vers-refrain, plus court et frappant et anaphore (répétition en début de vers) de "Sur"
> cette répétition est propre des litanies et de la poésie orale.
mélange de forme traditionnelle (strophe régulière) et de la liberté de l'époque surréaliste: poème sans ponctuation, ni rimes (vers libres)
> l'absence de rimes est en revanche compensée par une grande musicalité ,par un grand souci des rythmes et des assonances ou allitérations: mise en valeur du vers refrain comme dans une chanson
assonances sur les derniers mots (blanches- cendres) (dorées- guerrier)
nugzes - orages - fade)
dans les vers: (cahiers-écolier) (vitre-surprise) (solitude nue) (bien au-dessus du silence) (str11: allitérations en M et r)
dans la strophe: (page-page-papier)
Le titre du poème et le dernier vers se rappellent,: structure circulaire. Malgré le titre, on a à la lecture une impression de suspense, parce que le refrain demeure vague: on ne sait pas à qui il s'adresse. La surprise n'est levée qu'à la fin: mise en valeur du thème essentiel . La structure répetitive et l'effet d'attente mettent en valeur la liberté.
b)une progression dans le poème
Eluard parvient à éviter la monotonie par des variations
- quelques vers font exception, au début (v.7) et surtout la dernière strophe qui rompt avec cette organisation qui évoque une renaissance et la fonction du poète
- variations constantes de la structure grammaticale et des rythmes qui en découlent
ex: str1,2
- on note une lente progression dans le poème: au départ le mot est écrit sur des réalités matérielles sur lesquelles on peut réellement écrire:
ce n'est pas encore une image, il décrit sa volonté de rappeler sans cesse un vrai combat pour la liberté
>cahier, pupitre,pages,images (des livres)
> supports moins fréquents, sur lesquelles il est difficile d'écrire: sable, neige, armes (représentées), couronnes
> il écrit avec n'importe quoi, pierre, cendre, sang
Puis ce sont
>jungle, désert, nid, genêts, étang, lac
La phrase devient alors métaphorique: j'écris signifie je revendique la liberté. C'est vraiment un hymne à toutes les formes de liberté.
Puis il écrit sur des notions abstraites
>écho, merveilles des nuits saisons
Puis sur des choses inexistantes
>refuges détruits, phares écroulés, absence, solitude
La lutte pour la liberté est universelle et défie l'impossible. L'univers entier est ainsi marqué du sceau de la liberté
Progressivement, on entre dans un univers poétique, imaginaire où la liberté des mots est totale. Les métaphores prennent la relève de la réalité.
c-une allusion amoureuse?
-poème lyrique parce qu'il évoque des sentiments intimes, personnels et qu'il cherche à nous toucher
> pronoms personnels je et tu: intimité; personnification de la liberté (allégorie)
"sang": écrire avec son sang, avec le plus intime
-une thématique amoureuse , discrète, est présente dans le poème
"saison fiancées", "lèvres attentives" (relation d'amour), "pour te connaître"
au départ, a pu dire Eluard de ce poème, il s'est agit d'une nébuleuse d'où sortaient quelques mots; le titre était "une seule pensée" , celle de la femme aimée; progressivement, il s'est aperçu que cette litanie amoureuse dépassait un cadre strictement personnel et que le poème parlait de l'amour que tout homme peut connaître, dans la situation difficile de l'époque: la femme a été remplacé par le mot liberté . Pas d'amour sans liberté des deux côtés. C'est pour cela qu'on a l'impression de découvrir l'intimité d'un couple avec sa tendresses, ses difficultés (solitude, difficultés de santé, mort). Il présente bel et bien la liberté comme une persinne qu'il célèbre.
2) La guerre et l'espoir
a- les éléments évoquant la situation contemporaine
-certains termes évoquent clairement la guerre actuelle : armes str3guerriers - mort
-termes dont les connotations évoquent la mort, l'obscurité, la destruction, l'emprisonnement : sang- cendre- nuit-ombres -chiffon- détruits- écroulées-ennui- moisi- démente (folie des hommes)- mùurs de l'ennui-orage, pluie
La réflexion est assez générale pour évoquer aussi toutes les difficultés de la vie.
En décrivant tout ce sur quoi il faut écrire le mot liberté, le poète décrit ce qui est privé de liberté.
-pas de liberté d'enseigner, censure (pages lues, pages blanches, silence), souffrance physique et mort des hommes, pas de liberté de circulation, destruction des valeurs (refuges détruits) (phares détruits: ce qui guide, idéal), privation matérielles et morales (solitude nue )
b- l'espoir:
On le sent d'abord à travers la progression chronologique
- il existe une progression chronologique dans le texte: il part de l'enfance(école; livres d'images, monde des contes: roi, guerriers)- puis l'enfance apparaît comme un souvenir, signe qu'il a vieilli (l'écho de mon enfance) puis peut-être adolescence et et maturité, temps de l'amour (saisons fiancées) pas forcément heureux (l'absence sans désirs, la solitude) enfin la vieillesse (difficultés de santé- marches de la mort): c'est tout au long d'une existence qu'il faut lutter pour la liberté.
-mais surtout, le poème ne s'achève pas sur la mort: renaissance str 14, espoir d'une nouvelle vie, répétition de l'idée de deux façons distinctes, mais où le poète a la possibilité de parler de lui, de dire "je", d'exister pleinement (Je -Je - ma). Dans la majorité des strophes, il parlait au nom de tous (les pages, la jungle le moulin, la mer, la santé revenue)
-il évoque clairement l'espoir vers 55: c'est l'homme qui arrive à oublier les horreurs et les douleurs, pas l'espoir.
- l'espoir était aussi manifeste dans l'opposition constante de termes connotés négativement et de termes connotés positivement, par exemple l'opposition de l'ombre et de la lumière
dorées- blanches- genêts- painc blanc - soleil -lune -aurore - : thématique de l'espoir, la lumière éclaire dle monde.
ou la destruction/ la vie: soleil moisi/ lune vivante
- Il met aussi en valeur tout ce qui est source de vie: aliment, respiration (bouffée)
- fondamentalement, certains domaines échappent à toute forme d'oppression: chaque homme a une intimité qu'on ne peut violer, celle des souvenirs, des sentiments, du rêve. C'est ce monde où tout est possible qu'il fait vivre ici.
ex: l'écho de mon enfance, les merveilles des nuits (=rêve)
3)L'amour de la vie et des mots
a-l'inventaire poétique du monde
-Eluard décrit le monde en essayant de tout rassembler, par des antithèses; en alliant les contraires, il englobe tout
sur mon pupitre et les arbres: monde ininimé / animé; monde humain/ naturel
jungle/désert: absence totale de végétation ou profusion.
sur les merveilles des nuits/ sur le pain blanc des journées: opposition jour/ nuit; concret-abstrait
sur les champs sur les ailes des oiseaux: terre/ciel mais deux symboles de liberté
-on sent son bonheur devant la nature et les animaux:
C'est surtout la nature qui est évoquée, sous toutes ses formes (terre-mer-montagne-) avec une variété de termes pour montrer sa richesse
ex: l'eau: étang-lac- mer
De manière générale, ce sont les connotations associées à la nature qui priment l'esprit du lectuer: c'est un lieu de liberté, de vie (nid, plantes, oiseaux...).
Par opposition avec la nature ce qui est humain est signe de malheur (ex: les marches de lamort: vision solennelle, concrète de la mort comme un bâtiment funéraire; phares détruits; vitre: enfermement dans une maison)
Malgré cette vision assez négative de ce qui est humain, il unie aussi l'humain et la nature par des personnifications: les saisons fiancées (dans la nature, le passage d'une saison àl'autre se fait sans rupture, espoir de réconciliation des contraires).
sur la montagne démente: il attribue à la montagne des qualités humaines (folie)
sur les sueurs de l'orage
> En alliant ainsi les cointraires, il montre la variété de l'univers .
b- faire appel à tous nos sens
L'évocation fait appel aux sens du lecteur
vue: couleurs (blanc- azur...)
ouïe (écho-...)
toucher (mousse- épaisse)
?odorat: genêts?-sueurs...
goût: pain, fade
Présence de synesthésies, mélange de plusieurs sens à la fois dans une image
chiffons d'azur: toucher-couleur (papiers chiffonnés sur lesquels il écrit? et métaphore du ciel un jour de mauvais temps)
bouffée d'aurore: vue/ sensation physique de la respiration: toucher
la mousse des nuages: double mélange (terre/ ciek; toucher/vue
les sueurs de l'orage: sensation physique (toucher-odorat/ bruie et vue)
pluie épaisse et fade: vue-toucher-goût)
>montrer la richesse et la profondeur des sensations physiques d'un être vivant : on ne peut empêcher un être humain d'éprouver sensations et sentiments;développement de l'imagination du lecteur par cette multiplication de sensations. Les métaphores superposent plusieurs éléments et prêtent à la rêverie.
c- l'amour des mots: l'enchaînement surréaliste des images
La liberté absolue et inaliénable du rêve est le moteur du surgissement des images dans le texte. Le texte multiplie les métaphores, qui associent diverses réalités par le biais d'une analogie mettant en jeu l'imagination.
L'association d'idées par le biais de l'imaginaire semble souvent donner une cohérence au texte. C'est ce qu'on ressentait profondément dans la poésie surréaliste.
ex:cahier-pupitre> arbre> nature
sable et neige > désert/ jungle
nid>écho (bruit) de l'enfance> rêve "merveilles" monde de l'enfance
nid>ailes des oiseaux > (ailes des) moulin : on part d'une réalité et elle devient une métaphore: les ténèbres, les temps difficiles sont présentées comme une activité humaine qui ne s'arrête jamais.? ou cela évoque les hommes qui, dans l'anonymat et la clandestinité, ne cessent leur lutte active?
Ambivalence des interprétations possible puisqu'il décrit ce qu'il veut libérer et ce qui permet de libérer l'homme.
les images deviennent étranges et la liberté syntaxique rend difficile l'interprétation: liberté totale au lecteur de rétablir la cohérence.
soleil moisi, apposé à la liberté? > liberté détruite, pourrie (équivalent de "lorsque la liberté n'existe plus?). Le soleil, source vive perd ici sa clarté tandis que la lune, plus pâle et inquiétante souvent est source de vie: les valeurs traditionnelles semblent renveréses dans cette période troublée.
sur la vitre des surprises: espoir d'un événement inattendu; la vitre est ambivalente: signe qu'on est enfermé à l'intériur; transparente, elle est signe d'espoir.
Conclusion: la fonction du poète
Double fonction: affirmer un idéal au nom duquel combattre et inciter, encourager les hommes opprimés
faire un acte de liberté, en écrivant malgré les interdits et d'une manière qui témoigne de la liberté inaliénable de l'imaginaire humain. Les deux derniers vers témoignent de ce qui est le but de l'humanité, et du poète en particulier.